Bonjour, je voulais prendre le temps de vous présenter une famille de grenouille qui est souvent oubliée en faveur de la plus populaire famille des dendrobates, les Mantellas.


Présentement, les Mantellas sont au niveau d’intérêt humain le plus dangereux pour l’espèce. Il n’y a pas assez de gens qui en font l’élevage car l’intérêt n’est pas suffisant mais il est en même temps assez élevé qu’une grande quantité de spécimens sont collectés tous les ans dans la nature pour satisfaire la demande. Les pressions sur l’espèce en milieu sauvage est par conséquent énorme. Si on ajoute qu’elles ne se retrouvent qu’à un seul endroit sur terre, les choses se compliquent. La déforestation de leur habitat rajoute à leur vulnérabilité. Les Mantellas ont des aires de répartitions très restreintes.


Alors j’ai cru bon de vous informer sur ces petites grenouilles qui n’ont vraiment rien à envier à leurs cousines sud-américaines.


Distribution


Les Mantellas viennent toutes de Madagascar. Cette île a un climat plus tempéré que le continent africain et contient beaucoup de régions montagneuses. Ces deux facteurs expliquent l’une des particularités des Mantellas, la vulnérabilité aux grandes chaleurs. Elles vivent dans les litières de feuilles mortes des forêts avec quelques espèces plus arboricoles.


Toxicité


Les Mantellas ne sont pas très toxiques. Elles ne sont pas dangereuses pour l’homme. Elles peuvent par contre poser un problème si elles sont mélangées avec d’autres petits animaux dans un même terrarium. Par exemple, une autre espèce de grenouille.


Apparence


Les Mantellas sont de petites grenouilles entre 15 et 35mm. Elles ont une large gamme de couleurs. Certaines sont marrons avec le ventre noir et bleu comme la m. bestileo, d’autre noire, verte et orange (m. madagascarensis) ou un rouge écarlate ou jaune avec des taches noires (m. aurantiaca). Ce sont les couleurs les plus connues mais il existe une plus grande variété.

Voici la majorité des espèces répertoriées mais de nouvelles espèces sont découvertes chaque année.

Source : extrait de Frogs of Madagascar, Genus Mantella: Pocket Identification Guide


Comportement


Selon les espèces et le terrarium offert, les mantellas peuvent être très timides ou très visibles. Selon mon expérience, la maxime «plus il y a de cachettes, plus elles sont visibles» est particulièrement vraie avec cette famille. Les miennes sont très visibles et chantent toute la journée. De plus, c’est une grenouille au comportement social très intéressant.


Conditions de maintien général


Une note avant de commencer cette section, ce qui suit sont des généralités pour vous donner une idée des conditions nécessaires pour leur maintien. Avant de se procurer une espèce, vérifier les conditions de maintien spécifique à celle-ci. Des variantes peuvent s’appliquer, entre autre, selon l’altitude où l’on retrouve cette grenouille.


Température, humidité et éclairage


Une des particularités des mantellas est leur sensibilité aux fortes températures. En effet, il est important d’essayer de ne pas dépasser les 20 degrés Celcius pour la majorité des espèces. Dépasser cette température de quelques degrés n’est pas toujours mortel mais entraine une hausse du métabolisme et les rendent plus sensibles aux maladies. Par contre, dépasser les 30 degrés, c’est généralement la mort. De plus, il faut viser un écart de température entre le jour et la nuit de 5 à 10 degrés. Il est donc conseillé, avec nos étés chauds, de maintenir ces grenouilles dans les sous-sols l’été.


Pour l’humidité, elles ont besoin de 80-100%. Un mouvement de l’air est conseillé mais pas indispensable pour cette famille. Plus par précaution de maintenir un niveau d’air plus sain en prévision d’une vulnérabilité du système immunitaire en cas de hausse rapide de température. Cette précaution est moins nécessaire si vous êtes certain de ne jamais tomber dans les hautes températures. Un petit bassin dans un coin du terrarium à un niveau plus bas du reste du substrat est conseillé pour la reproduction (voir section agencement du terrarium).


Les mantellas sont diurnes et nécessitent donc de la lumière artificielle pour leur maintien. Il faut éviter de les exposer aux rayons du soleil car la température montera trop haut. Les LED et fluorescents sont donc parfait pour elles. Certaines espèces ont besoin d’endroits très lumineux et d’autres plus sombres selon si elles vivent dans les arbres ou au sol. Une recherche par espèce s’impose donc. Une période de 12 heures est indiquée pour elles.


Cohabitation


Ces grenouilles peuvent être gardées en groupe et dans leur cas, je le recommande fortement. Elles sont plus actives s’il y a des congénères. Une mantella seule restera cachée et si c’est un mâle, on l’entendra mais on ne le verra presque jamais. Elles ont un comportement de groupe intéressant. Les mâles font des concours de chants et de luttes pour avoir la meilleure position du terrarium pendant que les dames regardent le spectacle qui est assez impressionnant. Même si certaines espèces sont moins colorées que les dendrobates, elles ont un comportement social plus intéressant à mon avis. Je passe plus de temps à observer mes mantellas que mes autres espèces à cause de leurs interactions entre elles. Il est par contre, comme pour les dendrobates, fortement déconseillé de garder plusieurs espèces de mantellas ensembles.


Espace nécessaire


Les mantellas, malgré leurs petites tailles, ont besoin d’espace. Le terrarium doit être assez grand pour offrir une cachette et un petit territoire pour chacune d’elles. La règle du minimum de 10 gallons pour un couple et de 5 gallons par grenouille additionnelle s’applique bien pour cette famille. Encore une fois, c’est un minimum. Si les grenouilles ont assez grand pour être à l’aise, elles seront plus visibles. Chez moi, je garde de 5-6 individus de quelques espèces dans des aquariums de 30 gallons convertis.


Nourriture


Ces grenouilles ont la même alimentation que les dendrobates. Elles mangent des petits insectes. Ici, on parle d’insectes de la grosseur d’une drosophile ou mouche à fruit. Il est nécessaire pour les nourrir de prévoir des cultures en rotation de ces mouches qui ne volent pas. Elles sont facile de culture et demande très peu de maintenance. Une quinzaine de minutes par semaine. Elles représentent une bonne nourriture de base. Il est cependant de loin préférable d’offrir une variété de proies. Je vous donne la liste de ce que j’offre à la maison, en rotation: Drosophila Melanogaster, Drosophila Hydai, bruches du haricot, grillon domestique naissant (pinhead, ‘’gut loaded’’), Triboliums bruns de la farine (les larves), Collemboles (deux espèces), Cloportes (trois espèces). Je donne des suppléments multi-vitaminés et de calcium en alternance deux repas sur trois et à tous les repas pour les juvéniles. Les repas sont servis à tous les deux jours pour les adultes et quotidiennement et à volonté pour les juvéniles. Une petite recherche vous permettra aisément de vous informer sur leur culture.


Une note par contre sur l’appétit des Mantellas. Elles ont les yeux plus grands que la panse. Elles n’hésiteront pas à attaquer un grillon ¼ et finiront par l’avaler. Cette situation peut causer des problèmes. Si la proie est trop grosse, elle risque de commencer à se décomposer avant la digestion complète et ça peut entrainer des infections. Personnellement, je n’ai jamais été témoin de ce problème dans les rares fois où une de mes mantellas a tenté le coup mais ce phénomène a été rapporté alors je préfère le mentionner. Elles attaquent même les araignées faucheuses. Il est assez drôle de voir une petite mantella avec des pattes trois fois longues comme elle lui sortant de la bouche.


Agencement du vivarium


Dans la conception de vivarium pour mantella, il faut trois choses : des feuilles mortes, des feuilles mortes et le reste (vous voyez une tendance? Il faut aussi des feuilles mortes). Le lit de feuilles est très important pour ces espèces, ici je parle d’environ 5 cm d’épaisseur, à rajouter pour compenser la décomposition. S’il y en a beaucoup, elles seront plus visibles. Pour le reste, quelques plantes aimant l’humidité, des branches au sol et des pierres créant des crevasses. Et sous les feuilles, un substrat de coco à réhydrater. Une autre mention concernant les feuilles mortes. Certaines personnes ajoutent des vers de terre dans les terrariums. Cette pratique ne cause pas de problème pour les mantellas elles-mêmes mais ceux-ci vont accélérer la vitesse de décomposition des feuilles et donc seront contre-productifs pour le résultat souhaité, garder les feuilles mortes le plus longtemps possible.


Comme pour les dendrobates, il est important de drainer le substrat pour éviter qu’il ne soit gorgé d’eau. Le faux fond est à privilégier pour cette espèce par rapport au fond percé si vous voulez avoir des reproductions complète à même le terrarium. Les mantellas pondent sur le sol sous un objet, généralement du bois ou une pierre. Elles gardent les œufs mais n’aident pas les têtards à atteindre l’eau. Elles comptent plutôt sur les fortes pluies pour faire le travail. Il faut donc prévoir un endroit où il y a une dénivellation pour recueillir les têtards si vous ne voulez pas retirer les œufs. Elles vont pondre naturellement dans la pente, près de l’eau. Un fort arrosage par semaine à cet endroit est donc nécessaire pour libérer les têtards. Ils glisseront dans la petite mare.


Finalement, il est presque toujours nécessaire de modifier les terrariums commerciaux pour les besoins de ces amphibiens. Pour garder l’humidité, il faut couvrir à au moins 80% le dessus du terrarium et boucher tous les petits trous possibles et imaginables. Les petites espèces de grenouilles sont de maître de l’évasion et les drosophiles pourraient en apprendre aux grenouilles. L’objectif est de minimiser les évasions de mouches et d’éliminer complètement celles des grenouilles. En général, si une de ces grenouilles se sauve et vous ne la retrouvez pas dans l’heure, elle va se déshydrater et périr.


Se procurer des Mantellas


Les éleveurs de mantellas sont encore rares. La majorité des mantellas que l’on retrouve sur le marché sont donc d’origine sauvage. Les deux espèces les plus faciles à obtenir sont les mantella bestileo et les mantella madagascarensis (souvent nommées baroni mais cette dernière espèce est plus rare.) Pour différencier les madagascarensis et les baronis, la meilleure méthode est de regarder sous le menton de la grenouille. Pour références, voici quoi regarder. Ces deux espèces sont distinctes et ne devraient pas être gardées ensemble pour éviter les croisements.

Superbe travaille! Merci beaucoup pour ton implication dans cette section

Bon article! Très bien rédigé.

J'aimerais faire une nuance avec M. Leavigata qui à un comportement beaucoup plus près des dendrobates que des mantellas classique. En effet, cette espèce pond dans des plantes creuses ou dans des creux de bambou en hauteur. Elles font également une ''garde'' des tétards comme un peu pour les dendrobates. Tout ça dû à sont monde de vie plutôt arboricole. Ont peu également observer des disques digitaux beaucoup plus développés que chez les autres espèces.

Il y à également le fait que cette espèce endure beaucoup mieux les températures élevées que le reste des espèces de mantella qui sont des espèces de litière comme mentionné plus haut.

superbe présentation!!!

merci!

Pour l'endurance à la chaleur, il y a aussi m. viridis. Tes points sont bons Goulet. Il y a des exceptions chez les mantellas, c'est pour ça qu'il y a la note sous conditions générale de maintient de s'informer des particularités de chaque espèce.

Merci à tous pour vos bons commentaires, j'espère que ce sera utile à quelqu'un. Avec ce guide et dendrobates 101, ça donne une bonne idée aux nouveaux de ce qu'il faut pour leur maintien.

Effectivement!

Les mantellas ont plus de différence dans la garde en captivité généralement que les dendros qui se garde passablement toutes de la même manière.

Personnellement, j'ai toujours eu un faible pour les mantellas, mais le fait que 80% des espèces demande une température fraîche me fait reculé... Je garde quand même une espèce à la maison au milieu des autres espèces tropicales.

Moi, je les mets au sous-sol et tout ce passe bien. Ils sont vers le bas du rack. J'ai présentement 4 espèces et j'ai trois autres terras de prêts pour d'autres espèces de mantella. Il reste à les trouver...

Je trouve que leur comportement les rendent plus intéressantes que les dendros sur le long terme.

Tu as des m. bestileo si je me rappelle bien non?

Des mantella ebenaui, je me trompe souvent à dire des bestileo puisque j'en avait avant héhé.

Mon grand problème est d'habiter dans un loft au troisème étage... le soleil blast de tout bord tout côté haha.

Je vendrais sûrement mon âme pour des cowanis hahaha

S'il fait trop chaud chez vous, je peux toujours leur trouver une place

Des cowani... C'est beau rêver!

Super travail, merci Sebastien